Économie collaborative, repose en paix ?

Article rédigé par Eric (Co-Fondateur de U2Guide)

Ces dernières semaines, l’oraison funèbre de l’économie collaborative semble de plus en plus prononcée dans des think tanks dédiés et même dans la presse.  Paix à son âme ?

 

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Un lieu commun à son propos : nous sommes tous partagés pour définir l’économie collaborative. Aussi, parait-il présomptueux d’acter sa mort et la question est moins « l’économie collaborative est-elle morte ? » que « qu’est-ce qui se meurt dans l’économie, soit-elle collaborative ? »

Introduite il y a des décennies avec la mise en collectivité du matériel agricole, l’économie collaborative a pris un essor incroyable cette dernière décade avec des formes diverses et des modèles financiers tout aussi divers. Ce dynamisme est certainement le corollaire du développement technologique et digital de nos sociétés connectées.

C’est aussi certainement une réponse à une envie consumériste croissante de remettre davantage l’humain au cœur de transactions commerciales devenues de plus en plus complexes, au sein d’une économie globalisée de plus en plus absconse où la seule véritable évidence est qu’elle ne profite qu’à quelques nantis, en appauvrissant le plus grand nombre.

La collaboration contre le profit ? 

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On pouvait penser et espérer que cette initiative collaborative remédierait également à ces inégalités… À ce propos, les succès d’aujourd’hui – qui tendent à vulgairement définir l’économie collaborative, ont déçu ; les Airbnb, Uber et autres ont été conceptualisées, investies et développées dans un cadre économique tout à fait traditionnel et dans un but lui aussi tout à fait conservateur : la production de profit.

Pour autant, ces sociétés offrent des solutions nouvelles et des sources de revenus non négligeables dans une société qui tend à se paupériser et qui verra, d’ici à 2020, des millions d’emplois disparaître – corollaire de notre développement technologique.

Aussi, on imagine aisément que dans un avenir proche, ces plateformes collaboratives deviennent un moyen de compléter une pension universelle ; rente dont le concept est passé du statut d’hérésie utopiste à une intention réelle d’expérimenter, en quelques mois. Et avec ces profonds changements prévisibles, celui d’une organisation sociale qui n’a pas attendu Uber pour être en péril.

L’évolution de l’entrepreneuriat19726718_ml

Reste l’espoir d’appréhender l’économie (collaborative ou plus générale) moins comme un spleen qu’un idéal, et réduire ainsi les inégalités criantes ; aujourd’hui à un niveau critique et non durable/soutenable. Demeure la nécessité de répondre à l’émergence des consciences au sein de nos sociétés, de dépasser les limites sociales et environnementales de notre développement et enfin, de poursuivre cahin-caha cette aventure/évolution humaine qui semblait faire penser à Nietzsche que « l’Homme de demain aura davantage honte des Hommes que nous sommes aujourd’hui, que des singes que nous fûmes autrefois ».

À cet égard, l’entrepreneuriat social semble être un chemin pertinent & lucide, avec un double objectif : créer du profit d’une part ; en redistribuer une partie significative au financement de projets philanthropiques dans le pays où est créée la richesse, d’autre part. Il peut paraître également beaucoup moins radical que d’autres voies (voix ?) pour les acteurs économiques traditionnels, qui convergent de plus en en plus vers ces sociétés à l’ADN altruiste.

Et si finalement, nous devions faire sereinement le deuil de l’économie telle que nous la connaissons aujourd’hui ? Célébrer par la même occasion la naissance d’une économie solidaire et plus altruiste, qu’elle soit collaborative ou non ?

Une chose est sûre : « Demain » est terriblement excitant !

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